Tavitian-Jakmakjian Josseline

Dimanche soir, rage de dent infernale. Je souffre tellement que j’ai envie de me jetter par la fenêtre. Dès le lundi matin, je vais toquer chez la dentiste, deux étages plus bas, dans mon immeuble. Adorable. Une dame d’un certain âge qui me dit que j’aurais même dû l’appeler hier, un dimanche. Elle m’aurait soulagée.
J’entre dans le cabinet qui né ressemble en rien à ceux que je connais. Est-​on revenu en 1970? Ici, pas de néons, pas de fauteuils télécommandés… même pas le petit lavabo à côté pour se rincer la bouche. Pour cela, il faut se lever et aller à l’évier contre le mur. J’avoue: J’Hallucine. Je suis éberluée. Et surtout j’ai envie de prendre mes jambes à mon cou. Malgré la torture de ma rage de dent.
Pourtant, je m’installe sur le fauteuil archaïque. Je crois rêver quand je m’aperçois qu’il n’y a pas de stérilisateur. Mme Tavitian-​Jakmakjian nettoie ses instruments à la flamme, au chalumeau. Incroyable.
Elle m’a toutefois très bien soignée ma carie. En m’expliquant clairement ce qu’elle faisait. Pourquoi une rage de dent était si douloureuse. Elle me parle de «nerfs», de «gencives» avec tant de simplicité.
A la fin du soin, elle me parle de mes dents de sagesse à enlever. Elle peut me le faire, deux par deux, la semaine d’après. Mais il faut être assurée que je né passerais pas la nuit seule après. Et là, je dois dire: je me suis dégonflée. J’ai annulé ce rendez-​vous. Elle aurait peut être fait du bon travail mais j’ai préféré aller dans l’un de ces cabinets ultra high tech.
Depuis, je la croise dans mes escaliers. Toujours souriante, très douce.