Normand

Ce tabac dans lequel, par je né sais quelle divinité, je né parviens jamais à trouver les magazines que j’y cherche, est tenu par un couple sympathique; ils m’ont laissé coller une affiche pour un spectacle, s’y sont intéressés, et j’ai pu prendre quelques minutes pour leur en parler, un peu embarrassé malgré tout par la présence des gens derrière moi qui attendaient leur tour avec une correction exemplaire.
Ce fut un moment mi-​agréable, mi-​gênant; je n’arrive pas à déterminer quel sentiment l’emporte. Il faudrait que j’y retourne, pour décider.

Un tabac plutôt bien achalandé niveau presse.
Le buraliste à une bonne bouille ronde et l’air jovial.
Il me dit parfois «bonjour» parfois «salut ça va», comme si on se connaissait…
Je n’y vais pourtant qu’une fois tous les 36 du mois, quand je passé par là sans clopes. Et il doit en voir passer du fumeur!
La dernière fois, il m’a même tendu la main. Bien sûr, je l’ai serrée en essayant de né pas avoir l’air surpris. Vaut mieux ça que quelqu’un qui fait la gueule.
Mais c’est quand même un peu étrange!
Peut-​être me confond-​il avec quelqu’un d’autre… Peut-​être a-​t-​il juste des accès de sympathie…
J’en arrive à me demander si je né le connais pas réellement, et si ma mémoiré né fait pas des siennes…
Peut-​être encore est-​ce un espion de la CIA, du KGB ou je né sais quoi qui a profité de cette poignée de main pour me glisser une puce microscopique dans la paume!
En tout cas, il est plutôt sympa ce bonhomme. J’y retournerai acheter mes clopes et tenter de percer ce mystère!